Cet hiver- là, par Alain Breysse C’était une journée triste, - et en tout point pareille aux autres-, d’un hiver qui au dire de certains avait été plus rigoureux que de coutume. Ce matin-là, il neigea un peu. Puis la température avait fraîchi. Dans le ciel, d’épais nuages lourds comme le plomb circulaient. Poussés sans ménagement par des vents hostiles, ils se bousculaient et se déformaient sans cesse, parfois diminuant de taille et s’effilochant jusqu’à se défaire ; ou bien, au contraire, se dilatant, s’épaississant, forcés de passer en force et de jouer des coudes pour, dans ce ciel saturé, se trouver une place. Partout, l’hiver imposait sa dure loi aux choses. Il en déformait les contours, modifiait leur aspect, altérait leurs couleurs. Les bêtes s’en accommodaient. Et les hommes s’étaient faits une raison: ce n’était après tout qu’un temps de saison. Et puis, il se disait aussi qu’un jour il cesserait, ce temp...